Vaccins anti-Covid-19: Le compte-gouttes nasal au lieu de l'aiguille
Remplacer l'aiguille du vaccin par une injection dans le nez: la clé pour éradiquer la Covid-19? En agissant sur le site initial de l'infection, plusieurs essais semblent prometteurs contre la maladie et sa transmission, même s'ils restent à confirmer chez les humains.
Début septembre, l'Inrae et l'université de Tours ont déposé le brevet d'un candidat vaccin par administration nasale, après des résultats prometteurs sur les animaux.
Selon la responsable de l'équipe de recherche BioMAP, Isabelle Dimier-Poisson, les essais ont montré "100% de survie" sur des souris vaccinées puis infectées par le Covid-19, contre "100% de mortalité" sur des souris non-vaccinées.
"Les animaux vaccinés sont protégés à 100% contre les formes symptomatiques et a fortiori les formes graves du virus. Et ils ont très peu de virus donc ils ne sont plus contagieux, c'est un des intérêts de la voie nasale", a aussi souligné Philippe Mauguin, le PDG de l'Inrae.
Comment expliquer ces résultats encourageants ? Dans un article paru en juillet dans Science, les chercheurs Frances Lund et Troy Randall rappellent que par rapport aux vaccins intramusculaires, les vaccins intranasaux offrent deux couches de protection supplémentaires.
La première, ce sont les IgA, un type d'anticorps qui jouent un rôle crucial dans la fonction immunitaire des muqueuses. La seconde, la création de cellules B et T "mémoires" qui résident dans les muqueuses respiratoires et forment une barrière face à l'infection au niveau de ces zones.
"Quand le virus infecte une personne, il rentre généralement au niveau du nez, l'idée c'est de lui fermer la porte d'entrée", décrypte Nathalie Mielcarek, directrice de recherche à l'Inserm, à la tête d'une équipe à l'Institut Pasteur de Lille, qui travaille sur un vaccin nasal contre la coqueluche.
"Avec les vaccins intramusculaires, on arrive à induire une réponse immunitaire au niveau des muqueuses mais pas très longue et pas très forte, c'est plus intéressant d'immuniser au niveau nasal", renchérit Morgane Bomsel, immunologiste, directrice de recherche au CNRS à l'Institut Cochin.